Esther by Jean Baptiste Racine
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Y briguèrent le sceptre offert à la beauté.
On m'elevait alors, solitaire et cachée, Sous les yeux vigilants du sage Mardochée. Tu sais combien je dois à ses heureux secours. 45 La mort m'avait ravi les auteurs de mes jours; Mais lui, voyant en moi la fille de son frère, Me tint lieu, chère Élise, et de père et de mère. Du triste état des Juifs jour et nuit agité, Il me tira du sein de mon obscurité; 50 Et sur mes faibles mains fondant leur délivrance, Il me fit d'un empire accepter l'espérance. A ses desseins secrets tremblante j'obéis. Je vins. Mais je cachai ma race et mon pays. Qui pourrait cependant t'exprimer les cabales 55 Que formait en ces lieux ce peuple de rivales, Qui toutes disputant un si grand intérêt, Des yeux d'Assuérus attendaient leur arrêt? Chacune avait sa brigue et de puissants suffrages: L'une d'un sang fameux vantait les avantages; 60 L'autre, pour se parer de superbes atours, Des plus adroites mains empruntait le secours; Et moi, pour toute brigue et pour tout artifice, De mes larmes au ciel j'offrais le sacrifice. Enfin on m'annonça l'ordre d'Assuérus. 65 Devant ce fier monarque, Élise, je parus. Dieu tient le coeur des rois entre ses mains puissantes. Il fait que tout prospère aux âmes innocentes, Tandis qu'en ses projets l'orgueilleux est trompé. De mes faibles attraits le Roi parut frappé. 70 |
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