Pélléas and Mélisande by Maurice Maeterlinck
page 5 of 213 (02%)
page 5 of 213 (02%)
|
"La vérité," dit quelque part Charles Lamb, "la vérité est que les
caractères de Shakespeare sont tellement des objets de méditation plutôt que d'intérêt ou de curiosité relativement à leurs actes, que, tandis que nous lisons l'un de ses grands caractères criminels,--Macbeth, Richard, Iago même,--nous ne songeons pas tant aux crimes qu'ils commettent, qu'à l'ambition, à l'esprit d'aspiration, à l'activité intellectuelle qui les poussent à franchir ces barrières morales. Les actions nous affectent si peu, que, tandis que les impulsions, l'esprit intérieur en toute sa perverse grandeur, paraissent seuls réels et appellent seuls l'attention, le crime n'est comparativement rien. Mais lorsque nous voyons représenter ces choses, les actes sont comparativement tout, et les mobiles ne sont plus rien. L'émotion sublime où nous sommes entraînés par ces images de nuit et d'horreur qu'exprime Macbeth; ce solennel prélude où il s'oublie jusqu'à ce que l'horloge sonne l'heure qui doit l'appeler au meurtre de Duncan; lorsque nous ne lisons plus cela dans un livre, lorsque nous avons abandonné ce poste avantageux de l'abstraction d'où la lecture domine la vision, et lorsque nous voyons sous nos yeux, un homme en sa forme corporelle se préparer actuellement au meurtre; si le jeu de l'acteur est vrai et puissant, la pénible anxiété au sujet de l'acte, le naturel désir de le prévenir tout qu'il ne semble pas accompli, la trop puissante apparence de réalité, provoquent un malaise et une inquiétude qui détruisent totalement le plaisir que les mots apportent dans le livre, où l'acte ne nous oppresse jamais de la pénible sensation de sa présence, et semble plutôt appartenir à l'histoire; à quelque chose de passé et d'inévitable." Charles Lamb a raison, et pour mille raisons bien plus profondes encore que celles qu'il nous donne. Le théâtre est le lien où meurent la plupart des chefs-d'oeuvre, parce que la représentation d'un |
|